Simplifier pour valoriser les critères ESG
Daniel Biarneix, président de l’AFTE, attend beaucoup de la directive Omnibus.
Les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), sont perçus comme une contrainte par les entreprises ?
Pour les entreprises, avoir la nécessité de définir des objectifs en termes d’environnement ou de critères liés aux aspects sociaux et de relations avec les communautés qui entourent l’entreprise, c’est positif. Donc il n’y a pas de volonté des entreprises de lutter contre ça.
Mais c’est source de complexité ?
Est-ce que les entreprises sont intéressées à avoir une réglementation qui les guide un peu sur la façon de s’exprimer? La réponse est également oui, au risque de vous surprendre. C’est toujours plus facile quand on a un cadre. ça évite qu’il y ait des entreprises qui fassent du dumping ou d’autres qui fassent n’importe quoi. Et cela encadre le dialogue avec les gens à qui elles s’adressent, qui peuvent être le grand public, des ONG... Mais il est important que cette réglementation, cette façon de s’exprimer sur le sujet, soit raisonnable.Ce n’est pas encore le cas?L’entreprise à laquelle j’appartiens, publie bien évidemment un rapport annuel. Comme elle est très grande, elle est déjà soumise à la directive CSRD. Notre malheureux rapport annuel, il a énormément enflé. C’est devenu un vrai botin. Il fait plus de 500 pages. Et sur ces plus de 500 pages, il y en a plus de la moitié qui est uniquement sur les sujets de reporting environnemental, social et de gouvernance. D’ailleurs, plus de 250 pages. A quoi ça sert? Si vous multipliez ça par le nombre d’entreprises en Europe, qui est-ce qui va lire tout ce bazar?
Les trésoriers plaident pour une simplification ?
Oui, la Commission européenne vient de publier la directive Omnibus, votée par le Parlement européen. En gros elle dit "On va se donner 2 ans de plus sur l’ensemble des directives qui s’appliquent aux entreprises". Ça a fait passer le nombre d’entreprises concernées en Europe de 50.000 à 7.000. Et dans ces deux ans, Il faut qu’on mette autour de la table toutes les parties prenantes, c’est-à-dire les investisseurs, les banquiers, les ONG, mais aussi les entreprises. Vous êtes confiant?Il y a des associations d’investisseurs, donc de gestionnaires, qui ont déjà commencé à travailler, à dire que quand on regarde bien, on pourrait peut-être imaginer que les 1.000 ou 1.200 critères se résument à 150 par exemple. Si on arrive à simplifier, à se concentrer sur des éléments de reporting vraiment importants, vraiment significatifs, on peut espérer, si c’est bien conçu, que ça soit beaucoup plus percutant et beaucoup plus utilisable à la fois par les entreprises et par toutes les parties prenantes autour plutôt que d’être accusées de "greenwashing", par ceux qui se disent "ils communiquent beaucoup, mais en réalité, ils font pas grand-chose, on n’y comprend rien."