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Orchestration des paiements : la solution miracle ?

juillet 2025
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Auguste GRIGNON DUMOULIN
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Les paiements en ligne connaissent une croissance effrénée. Au cours des cinq dernières années, leur part dans les paiements totaux en zone euro a été multipliée par deux en valeur et trois en nombre (1). Ils comptent désormais pour plus d’un paiement en euro sur cinq.

Cette accélération est allée de pair avec une complexité croissante. De nouvelles méthodes de paiement ont fait leur apparition (BNPL, A2A, wallets), ainsi que de nouvelles exigences règlementaires (DSP 2, PSCI DSS, SCA) et de nouveaux prestataires de paiement (PSP). Pour autant, les commerçants gardent les mêmes objectifs : maximiser leur taux de conversion et maîtriser leurs coûts.

C’est avec l’objectif d’aider à y voir plus clair qu’est née l’orchestration de paiements. Il s'agit d'une solution de centralisation des moyens de paiement. Pour mieux l'appréhender, la commission « Moyens de paiement » de l’AFTE a tenu une réunion jeudi 3 juillet à destination des adhérents. Lucas Quinio, responsable des moyens de paiement à Conforama, Xavier Foure, responsable des moyens de paiement internationaux à Kiabi, et Stéphane Rousseaux, responsable des moyens de paiement à Kering, y ont participé en relatant leur expérience.

Orchestrateur de paiement : définition

Concrètement, « l’orchestrateur » est une plateforme qui connecte les différents PSP d’un commerçant, ses moyens de paiement et ses passerelles afin d’offrir la route la plus optimisée lors de chaque transaction.

Ce routage automatique intelligent est rendu possible par l’introduction de règles prédéfinies liées aux coûts, au taux d’acceptation, à la devise, au pays… Elles permettent de choisir le meilleur prestataire ou la meilleure méthode de paiement parmi tous ceux disponibles. En cas d’échec, l’orchestrateur basculera vers un autre prestataire afin de maximiser les chances de succès.

De plus, l’orchestrateur facilite la gestion des transactions en fournissant un point d’entrée unique au commerçant. Grâce à cette centralisation, il est possible d’obtenir des informations précieuses sur le comportement de paiement des consommateurs, les performances des différents canaux et les coûts des transactions ; qui pourront ensuite être réutilisées pour optimiser sa stratégie.

Retours d'expérience

De façon générale, l’orchestration de paiements s’adresse surtout à des commerçants dont l’activité est internationale, afin de les aider à gérer de multiples schémas de paiement différents les uns des autres. Il existe toutefois quelques cas, plus locaux, où l’orchestration peut apporter une valeur ajoutée. La réunion de la commission « Moyens de paiement » de l’AFTE a mis en lumière trois retours d’expérience.

Xavier Foure (Kiabi) : dans un précédent poste chez Auchan, son objectif a été d’assurer un back-up à l’unique PSP qui centralisait alors l’ensemble des moyens de paiement. L’intégration d’un orchestrateur a ainsi donné, en cas de besoin, la possibilité d’activer d’autres PSP. Elle a également permis d’ajouter de nouveaux moyens de paiement, comme Apple Pay, qui était plébiscité. Enfin, cela a permis de piloter la performance grâce à l’obtention d’une vue sur les différents taux (acceptation, conversion, fraude etc…). Désormais, l’objectif chez Kiabi est d’améliorer le rapprochement comptable en procédant à une refonte du back office paiement.

Stéphane Rousseaux (Kering) : implanté dans 120 pays à travers le monde entier, avec 13 maisons et plus de 2.000 boutiques proposant du pay by link, le projet de Kering a une forte dimension internationale. L’objectif est de pouvoir ajouter facilement de nouveaux prestataires qui couvrent des pays dont l’entreprise peut avoir besoin, en sachant qu’elle gère beaucoup de transactions, dont des transactions transfrontalières.

Lucas Quinio (But / Conforama) : malgré une présence limitée à la France, le groupe a choisi de se lancer dans un projet d’orchestration avec comme objectif la reprise en main stratégique des paiements. Cette intégration a été le point de départ de discussions techniques et stratégiques autour de cette activité, visant à obtenir une meilleure visibilité en interne et à faire des choix sur les partenaires. Elle a aussi permis, dans le cadre du rapprochement But et Conforama, d’avoir un outil rapprochant l’ensemble des systèmes de paiement sans remettre en cause l’un d’eux.

Points à considérer

Malgré ses nombreux bénéfices, l’intégration d’un orchestrateur ne correspond toutefois pas à tous les commerçants. Tout d’abord, il est essentiel d’avoir une équipe informatique suffisamment étoffée en interne pour pouvoir y dédier du personnel. Car intégrer un orchestrateur ne signifie pas qu’on lui délègue la relation avec ses PSP. Elle reste à la charge du commerçant, qui doit en plus gérer la relation avec l’orchestrateur. L’orchestration des paiements ajoute donc une couche de complexité pour profiter des avantages énumérés (agilité, supervision via un unique point d’entrée, sécurité grâce à un back-up…).

Lorsque l’on est décidé à se lancer dans l’orchestration, il ne faut pas non plus se précipiter. Il est important de d’abord basculer ses moyens de paiement existant avant de chercher à en intégrer de nouveaux. L’intégration d’un orchestrateur prend généralement plusieurs mois, ce n’est pas une affaire de semaines.

Enfin, il est important de comprendre que tous les orchestrateurs ne ressemblent pas et qu’ils répondent tous à des besoins et des capacités différentes. Il n’existe aucun orchestrateur universel. Certains sont très orientés sur l’orchestration technique des flux, d’autres sur le fait d’obtenir une donnée cohérente, d’autres sur le check-out... Ils ont tous des points forts et des points faibles (la réconciliation comptable n’est par exemple pas encore une priorité pour certains d’entre eux), ce qui oblige le marchand à bien faire le point sur ses besoins avant de se lancer.

(1) : Study on the payment attitudes of consumers in the euro area (SPACE), Banque centrale européenne, décembre 2024

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