Comprendre l’initiation de paiement, le SEPA request to pay et Wero
Initiation de paiement, request to pay, Wero… Le jargon du monde des paiements est foisonnant et déroute parfois plus d’un trésorier. C’est pour l’éclaircir que la commission « Moyens de paiement » de l’AFTE s’est employée mercredi 5 mars à décrypter quelques-uns des termes utilisés autour d’un petit-déjeuner réservé aux adhérents.
Comprendre l’initiation de paiement
En France, on estime qu’une transaction par carte bancaire a entre 10% et 15% de chances de ne pas aboutir. Les raisons sont multiples : le plafond de la carte du client est atteint, il a mal saisi ses informations bancaires, une friction technique entre le prestataire de services de paiement (PSP) et la banque se déclare…
Une innovation dans les paiements a vu le jour ces dernières années et permet d’y remédier : l’initiation de paiement, qui peut être proposé aux clients particuliers comme aux entreprises. L’idée est qu’un marchand envoie un ordre de paiement par virement bancaire à un acheteur et s’appuie ainsi sur les rails de paiement européens SEPA plutôt que sur ceux des cartes bancaires, qui peuvent avoir des plafonds.
Cette innovation a été rendue possible par la directive sur les services de paiement 2 (DSP2), entrée en vigueur en Europe en 2018 et qui a ouvert la voie à l’open banking. Depuis, les prestataires de paiement peuvent se connecter directement aux banques pour initier des paiements par virement SEPA et s’affranchir ainsi des rails de paiement étrangers liés aux cartes bancaires.
« L’initiation de paiement a d’abord été pensée pour concurrencer le duopole de Visa et Mastercard sur la gouvernance des données, les frais… Mais en réalité, ce moyen de paiement complète plus la carte de façon générale qu’il ne la remplace en récupérant une partie des transactions initiées qui n’aboutissent pas », a indiqué Reda Charai, co-fondateur de Fintecture.
En passant par un virement bancaire, le client particulier peut ainsi éviter de solliciter le plafond de sa carte bancaire si le montant à payer est important. Si le client est une entreprise, cette méthode de paiement peut le faire passer par les rails de paiement SEPA instantanés et donc lui procurer l'immédiateté de la confirmation de sa commande.
Attention toutefois, une initiation de paiement n’est pas un paiement instantané. « C’est un abus de langage que l’on entend souvent parce qu’il est possible de traiter le paiement soit en virement SEPA standard, soit en virement SEPA instantané. On passera par un virement standard lorsque l’on sait que le virement instantané ne se déroulera pas correctement, notamment en raison des limites maximales sur les montants transférables instantanément imposées par les banques », rapporte le co-fondateur de Fintecture.
Enfin, l’initiation de paiement est une solution qui tourne plutôt à l’avantage du marchand car il lui permet de ne pas être assujetti aux services associés à l’utilisation d’une carte bancaire comme l’assurance ou les charges back.
Comprendre le SEPA request to pay (SRTP)
Le SRTP est une initiative de l’European Payment Council (EPC) qui a vu le jour en 2021 afin de proposer un nouveau schéma de messagerie dans les paiements. Il s’utilise dans un contexte d’encaissement et consiste à effectuer une demande de paiement auprès d’un payeur.
Alors que l’initiation de paiement initie directement un paiement depuis le compte bancaire du payeur vers le bénéficiaire, le SRTP se contente d’être une demande de paiement envoyée par un créancier au débiteur avant l’exécution dudit paiement.
Le payeur reçoit donc simplement une demande, qui crée un lien permanent entre la facture et son paiement. La référence de la facture est incluse dans le message, ce qui facilite le rapprochement bancaire et le pointage comptable. Le paiement peut être immédiat mais également se déboucler ultérieurement en fonction des conditions. La durée de validité du message est de trois mois.
Il s’agit d’un système sécurisé à « quatre coins » entre le bénéficiaire, le payeur et leurs banques. « La communication se fait entre banques, mais pas seulement. Elle peut également avoir lieu entre PSP, le schéma est ouvert là-dessus. La demande transitera donc soit par des services de clearing soit par des API », renseigne Lirka Bibezic, head of product management for receivables chez BNP Paribas.
Comprendre Wero
Wero est une solution développée par un consortium de banques européennes qui vise à proposer une alternative numérique à la carte bancaire et à concurrencer les solutions de paiement comme Paypal ou Apple Pay. Les paiements se font depuis un wallet sur son téléphone et transitent par les rails de paiement instantané SEPA. L’absence de carte bancaire permet de passer outre les intermédiaires comme Visa ou Mastercard, et donc de réduire les frais.
La solution inclut pour le moment La France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas. Des solutions de paiement ont été reprises dans chaque pays (Paylib en France, Payconiq en Belgique et iDeal aux Pays-Bas) pour obtenir une base native de clients. En Allemagne, le marché est dominé par Paypal. A terme, Wero espère pouvoir atteindre 80% des consommateurs dans chaque pays ciblé et s’ouvrir à d’autres pays.
La solution doit toutefois trouver un équilibre délicat. Nouvel entrant sur le marché, elle doit réussir à changer des modes de consommation très implanté, satisfaire les besoins des commerçants sans aller à l’encontre de ceux des particuliers. Cela s’avère difficile dans le cas des services associés à la carte bancaire en France ou à Paypal en Allemagne, qui protège parfois le client au détriment des entreprises.
« Nous devons proposer de la valeur des deux côtés pour nous faire adopter, ce qui n’est pas évident lorsque l’on s’implante dans plusieurs pays à la fois. Nous avons par exemple fait le choix de ne pas intervenir dans les litiges avec les grands commerçants. Nous cherchons également à être moins cher que la carte ainsi qu’à être incitatif sur les commissions liées aux petits paiements afin de concurrencer Apple Pay », a indiqué Laetitia Dorla, director business acceptance France chez EPI Company, qui pousse la solution Wero.
Les paiements entre particuliers sont actuellement opérationnels. Son déploiement se poursuit avec comme date clé l’e-commerce en Allemagne et en Belgique pour cet été et en France pour janvier ou février 2026.