Comment des engagements ESG peuvent-ils améliorer votre fonds de roulement et votre gestion des risques ?

février 2025
|
Auguste Grignon Dumoulin
|

Contenu réservé aux adhérents

Le changement climatique implique de nouveaux risques, qui nécessitent de revisiter l’approche que l’on a de sa chaîne d’approvisionnement afin de limiter les impacts potentiels sur la production. Des solutions existent mais requièrent un travail en commun des différentes équipes.

Juillet 2024. A l’occasion de la publication de ses résultats, le groupe automobile Porsche a revu à la baisse sa production d’au moins 10.000 véhicules pour le second semestre, lui coûtant au bas mot 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. La cause ? Une inondation survenue les mois précédents chez un fournisseur d’aluminium en Suisse, qui n’était plus en mesure de lui fournir le matériau nécessaire pour la fabrication de ses carrosseries. La réaction en Bourse ne s’est pas fait attendre, le cours de l’action chutant de 5%.

Cet exemple illustre parfaitement les risques économiques et financiers encourus par les entreprises lorsqu’il est question du changement climatique. Ce dernier implique de plus en plus de catastrophes naturelles, qui déplaceront des populations et perturberont les chaînes d’approvisionnement. Les grilles d’analyse financière ont déjà évolué, les banques et les investisseurs évaluant de plus en plus les entreprises sur leur capacité à gérer les risques naturels, les risques de pénurie, les risques sociaux…

C’est pour embrasser ce changement que la commission "BFR et optimisation du cash" de l’AFTE a organisé jeudi 6 février 2025 un webinaire présentant aux trésoriers des actions concrètes à mettre en place, avec leurs acheteurs ou leurs banquiers, pour répondre à ce nouveau paradigme.

Gestion des risques

La relation avec les fournisseurs est un thème central du débat. « Aujourd’hui, la considération de la chaîne d’approvisionnement est un élément déterminant pour évaluer la performance d'une entreprise », a d’entrée insisté Donatien Mellet, directeur Global Trade Solutions chez HSBC. Si un problème survient à une étape clé de la chaîne, c’est toute la production qui s’en trouve impactée. Or le changement climatique implique une augmentation probable de l’occurrence de certains risques, comme les inondations, les feux de forêt ou les tempêtes, et ce dans le monde entier.

Il n’est donc plus possible pour une entreprise de simplement connaître ses fournisseurs. Si elle veut anticiper de potentiels problèmes, elle doit identifier ses partenaires stratégiques qui n’ont pas encore mis en place des mesures préventives en matière d'ESG (environnement, social et bonne gouvernance). « Les critères d'homologation de nos fournisseurs vont devenir de plus en plus complexes. Il ne suffira plus d’être solide financièrement, il va aussi falloir comprendre quel est leur profil d'un point de vue RSE », a partagé Silvana Garcia Fakih, référente achats responsables corporate chez Legrand.

Pour améliorer son profil extra-financier, une société peut entreprendre des changements internes mais aussi élaborer de nouveaux contrats ou en renégocier sur la base de critères responsables. La norme ISO 20400, qui vise à intégrer la responsabilité sociétale dans les politiques et les pratiques d’achats comme les chaînes d’approvisionnement, existe à ce titre. Grâce à elle, il est possible de diminuer son exposition aux risques ESG.

A noter
L’attention ne doit pas se porter uniquement sur le pilier environnemental, les deux autres étant aussi importants. Un scandale lié à un fournisseur non éthique sur le plan social peut par exemple ternir durablement l’image d’une marque.

 

Gain financier

Au-delà de renforcer la gestion des risques, intégrer des critères ESG peut aussi apporter des avantages financiers. On connaît le « greenium », cette légère réduction du taux à verser dans le cadre d’une émission obligataire verte. Si elle est aujourd’hui remise en cause (l’inflation rendant les investisseurs moins enclins à payer plus cher pour un produit vert), d’autres modes de financement continuent de favoriser les acteurs qui s’engagent.

Le supply chain financing compte parmi les outils de gestion de trésorerie qui soutiennent les acheteurs et les fournisseurs. Il consiste à faire régler la facture d’un fournisseur par une banque, moyennant une petite décote, ce qui permet à l’acheteur d’améliorer son fonds de roulement tout en améliorant la trésorerie du fournisseur qui se retrouve payé plus rapidement.

« Il y a une nouvelle dimension aujourd’hui, c'est l'intégration de la dimension ESG. C’est-à-dire que vos fournisseurs peuvent être évalués par vous-même ou par un tiers pour leur offrir des financements adossés à leur note de ESG. Et plus la note est bonne, plus le prix sera bon », renseigne Donatien Mellet. De quoi inciter les entreprises à s’engager.

Mais pour mettre tout cet ensemble en place, il est capital de briser les barrières et de travailler ensemble. « La relation avec nos fournisseurs change de nature. Nous ne sommes pas qu’un donneur d’ordre, nous les formons aussi », affirme Silvana Garcia Fakih. En interne aussi les équipes (acheteurs, financiers, IT, ESG) doivent collaborer, en se partageant les informations pour aboutir à des objectifs communs. C’est seulement de cette façon que de réels changements pourront arriver.

D'autres éléments, comme le témoignage de la fintech Koaloo, qui propose un audit ESG de sa relation avec ses fournisseurs, ont été partagés durant le webinaire de l’AFTE. Consultez les prochains évènements pour ne rien manquer des sujets de trésorerie.

La suite est réservée aux adhérents

  • Accéder à tous les contenus métier de l’AFTE
  • Bénéficiez de la force du réseau de la communauté des trésoriers et financiers d’entreprise
  • Soutenez l’association qui œuvre pour le développement de la finance d’entreprise