Affacturage ou titrisation : quel programme pour financer son BFR ?
Contenu réservé aux adhérents
Points clés à retenir :
Affacturage : plus accessible et flexible, notamment pour les PME/ETI, avec des montants dès quelques millions d’euros, mais nécessite une assurance-crédit pour être déconsolidant ;
Titrisation : adaptée aux grands volumes et à des périmètres de créances plus larges, elle permet un financement désintermédié par le marché, sans consommer de lignes bancaires ;
Choix stratégique : dépend du volume, des objectifs (cash vs. déconsolidation), du type de créances et de la capacité de l’entreprise à structurer une opération plus sophistiquée.
Se tourner vers sa banque n’est pas la seule option pour financer son besoin en fonds de roulement (BFR). L’entreprise peut aussi faire appel à des acteurs spécialisés, comme des sociétés d’affacturage, ou bien solliciter le marché, avec la titrisation. Ces deux méthodes permettent de céder ses factures pour se faire payer en avance.
Néanmoins, elles revêtent des différences qui peuvent amener les trésoriers à privilégier l’une ou l’autre en fonction de leur situation. Tous ces points ont été soulevés lors d’une réunion de la commission « ETI » de l’AFTE, organisée le 29 avril 2025, qui a réuni des experts du Crédit Agricole, du broker en assurance Aon, ainsi qu’un avocat du cabinet Jeantet.
Points communs entre l’affacturage et la titrisation :
- Obtenir un financement en cédant des créances ;
- La cession des créances est confidentielle ;
- Les opérations peuvent impliquer beaucoup de juridictions et mobiliser de nombreuses devises ;
- Elles peuvent répondre à un besoin en cash ou de déconsolidation ;
- Les maturités vont généralement jusqu’à cinq ans ;
- Un délai de mise en place de plusieurs mois est à prévoir ;
- Chaque méthode nécessite une collaboration entre les différents services de l’entreprise (juridique, IT, comptabilité, finance…) ;
- Il faudra réaliser un audit du portefeuille de créances cédé.
Affacturage : éléments différenciants
- Le périmètre des créances cessibles se limite aux créances commerciales ;
- On cède les créances à une société d’affacturage (un factor) ;
- Accessible aux PME. Les montants cédés débutent à quelques millions et peuvent monter jusqu’à 300-400 millions d’euros. Au-delà, s’organisent des syndications inter-factor ;
- Les contrats ont généralement une durée indéterminée. Il est malgré tout possible de confirmer des lignes pour 3 ou 5 ans ;
- Financement revolving, avec des fréquences mensuelles la plupart du temps, ou financement spot ;
- Le financement peut se faire avec ou sans recours par rapport au risque crédit du portefeuille cédé. Toutefois, il ne faut pas de recours dans le cadre d’un financement déconsolidant afin de transférer le risque au factor ;
- La souscription d’une assurance-crédit est obligatoire. Elle peut se faire via un assureur-crédit ou via le factor ;
- La couverture des risques, notamment des dilutions (i.e. ce qui peut réduire le montant d’une facture comme les rabais commerciaux ou les erreurs de facturation), se fait via un fonds de réserve;
- Ouverture d’un compte bancaire chez le factor, qui accueille la gestion des comptes clients, réceptionne et sécurise les flux.
Une autre offre, plus confidentielle, se développe également. Elle permet à l’entreprise de garder la main sur la totalité du processus, comme les relances clients ou l’encaissement. Cette solution s’adresse surtout aux grands comptes.
Il est aussi possible d’obtenir un contrat d’affacturage unique pour les différents cédants d’un même groupe, qui peuvent être situés dans différents pays et utiliser différentes devises. « Cela permet de couvrir les besoins de toutes les entités d’un même groupe. On optimise l’assiette de financement et on permet à l’entreprise de reprendre la main sur la totalité de sa trésorerie », explique Corinne Gallion, responsable de département Crédit Agricole leasing & factoring.
D’autres éléments, comme la question de la souscription de l’assurance-crédit par un assureur crédit ou par une société d’affacturage, ont été abordés durant la réunion de l’AFTE.
Titrisation : éléments différenciants
- Le périmètre de créances cessibles est plus large : on retrouve par exemple les créances sur les particuliers, les créances de loyers, de location automobile…
- La cession se fait à un fonds commun de titrisation (FTC), qui émet une obligation senior (acquise par des établissements bancaires) et une obligation junior (acquise par des fonds d’investissement). On transforme des créances commerciales en titres, d’où le nom « titrisation » ;
- Périmètre de cession : uniquement les créances considérées comme éligibles. Les créances intra-groupes, les créances dont la prestation a largement été sous-traitée ou les facturations intermédiaires sont par exemple difficilement cessibles ;
- Financement allant de 50 millions à plusieurs milliards d’euros ;
- Financement revolving avec une logique de long terme ;
- Sans recours sur le risque crédit du portefeuille cédé ;
- L’assurance-crédit n’est pas obligatoire. Elle s’intègre si l’on a un objectif de déconsolidation ;
- La couverture des risques se fait grâce à des réserves dynamiques, c’est-à-dire constituées mensuellement à partir de la performance excédentaire du portefeuille ;
- Compte d’encaissement du client avec mise en place d’une sûreté. Cette dernière s’active uniquement en cas de défaut ou d’événements listés dans la documentation.
A savoir La tranche senior sera acquise par des conduits bancaires, qui émettront des titres de court terme (ABCP, Asset Backed Commercial Paper) pour se refinancer. L’entreprise cliente bénéficie ainsi d'une levée de fonds par le marché et ne consomme donc pas ses limites bancaires. Ce type de financement reste très confidentiel (rien n’est publié) et concerne des montants pouvant débuter à 50 millions d’euros. Il existe également des opérations ABS (Asset Backed Securities), qui sont quant à elles publiées sur les marchés et concernent des montants plus importants. Elles ne sont pas financées par des conduits bancaires mais directement par des fonds monétaires européens. |
D’autres éléments, comme les points d'attention juridiques dans la structuration d'une cession de créances et les garanties à prévoir, ainsi qu’un retour d’expérience, ont également été partagés lors de la réunion de l’AFTE. Pour ne pas manquer les prochains rendez-vous, consultez les prochaines réunions.
La suite est réservée aux adhérents
- Accéder à tous les contenus métier de l’AFTE
- Bénéficiez de la force du réseau de la communauté des trésoriers et financiers d’entreprise
- Soutenez l’association qui œuvre pour le développement de la finance d’entreprise