La CSRD aura-t-elle une incidence sur les trésoreries et dans quelle mesure ?
Recueil des synthèses des vingt sessions des Journées de l'AFTE 2024
Mise en oeuvre progressivement entre 2025 et 2028, la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD en anglais) introduit de nouvelles obligations environnementales, sociales et de gouvernement d’entreprise (ESG) basées sur les normes extrafinancières harmonisées (ESRS en anglais) et le principe de double matérialité. Elle cible les grandes entreprises, ETI et groupes non européens actifs en Europe. Les trésoriers, déjà impliqués dans le reporting ESG, devront relever de nombreux défis : la gestion des risques ESG, la mise en place d’un état certifié et un dialogue renforcé avec les parties prenantes.
Automatiser les tâches répétitives
La nouvelle directive, évolution de la directive sur le reporting extrafinancier (NFRD en anglais) de 2014, exige des entreprises qu’elles apportent une « assurance limitée » (dans un premier temps) sur les informations à fournir. Comme le relève Yasmina Serghini, de Moody’s, ce texte se traduira pour les trésoriers par des coûts significatifs liés à la mise en
conformité et à la collecte d’informations.
Les relations entre entreprises et banques, elles, en ressortiront renforcées. Selon Elena Burdykina, de Crédit agricole CIB, l’accès à des données fiables et standardisées permettra aux établissements financiers de comparer les entreprises, ce qui va affecter leurs décisions de crédit et de financement et renforcer la confiance du marché.
Les trésoriers et les directeurs financiers doivent jouer un rôle central dans la gestion des financements liés à la directive sur les rapports de durabilité, en fixant des priorités et en réalisant des arbitrages pour atteindre les objectifs, ajoute Gauthier Query, de Miroval. L’adaptation de l’organisation des entreprises et l’intégration de ces enjeux à la stratégie financière à long terme s’avèrent indispensables.
Un avantage compétitif
Alors que le coût du financement ou du capital, du point de vue réglementaire, ne permet pas encore de différencier les projets les plus vertueux, Elena Burdykina note que les entreprises, pour mieux se distinguer, recourent à des mécanismes volontaires (exclusion, actifs verts, gestion des risques ESG et finance durable) faisant la promotion de projets alignés sur les objectifs net zéro. Bien que la CSRD soit considérée comme une contrainte réglementaire, Yasmina Serghini constate que certaines entreprises y voient un avantage concurrentiel et rendent leurs échanges avec leurs parties prenantes plus concrets et utiles en s’appuyant sur des informations extrafinancières structurées.
La nouvelle directive, dont le but à terme est d’orienter les investissements vers la décarbonation, offre aux entreprises un avantage concurrentiel et une résilience renforcée grâce à une montée en compétences en matière d’ESG et de changements organisationnels. Elle incite au rapprochement entre les équipes chargées de la responsabilité sociale des
entreprises, des finances et de la communication.
Afin de respecter la norme ESRS E1 liée à la trajectoire carbone, les entreprises doivent se fixer des objectifs de réduction des émissions de carbone et mettre en place des outils de décision et d’investissement adéquats. Elles renforcent leurs actions par l’utilisation des crédits carbone ou la recherche de solutions novatrices de décarbonation, notamment
au travers de partenariats.
Côté parties prenantes, la loi européenne incitera les banques à innover, amènera les agences de notation à affiner leurs analyses ESG et simplifiera le travail des investisseurs, leur permettant de se concentrer sur des décisions stratégiques.
🎤 Ils ont pris la parole lors de cette session
Elena Burdykina, Crédit Agricole CIB
Gautier Quéru, Miroval
Yasmina Serghini, Moody's
🗣️ Ils ont animé les échanges
Philippe Berneur, Eramet
Célia Bravo, Diptyque