Hausse du risque b-to-b : la gestion des risques au service de la liquidité
Recueil des synthèses des vingt sessions des Journées de l'AFTE 2024
Revenues en France à leurs niveaux d’avant-pandémie, les défaillances d’entreprise justifient plus que jamais de mettre en oeuvre « une approche proactive en matière de gestion du risque client », selon Romy Tognon, de Rexel. Une telle démarche vaut tout d’abord pour l’enregistrement de nouveaux clients professionnels, pour lesquels des lignes de crédit pourront ultérieurement être octroyées. Pour ce faire, le fabricant de peintures décoratives Cromology s’appuie, outre une équipe interne d’analystes, sur l’expertise d’une compagnie d’assurance-crédit et d’une société de renseignement commercial et fi nancier. « Il nous arrive aussi, pour des clients stratégiques, de solliciter un prestataire qui mène une enquête de terrain », détaille Chantal Cougot. Afi n de s’assurer de l’authenticité des coordonnées bancaires, le groupe contrôle aussi systématiquement la concordance de l’Iban transmis avec le Siren. Comptant plus de 20 000 clients actifs dans le monde, parmi lesquels une proportion croissante de start-up, Dassault Systèmes utilise quant à lui la plateforme de Sidetrade et le service de business intelligence de Coface pour, notamment, évaluer le profil de risque de crédit de ses nouveaux partenaires.
Des interactions humaines
Des interactions humaines recourent à des logiciels leur permettant d’automatiser une grande partie des prises de décision et, surtout, d’ajuster en temps réel la politique de credit management en tenant compte de l’évolution de la situation d’un client, de son secteur d’activité ou encore d’une zone géographique. « Nous évaluons avant tout le risque pays, notamment les restrictions sur les devises et les barrières douanières », évoque par exemple Charles-Karim Imessaoudene-Parr, de Motul.
Sans remettre en cause la montée en puissance de la numérisation, les intervenants insistent sur l’importance des interactions humaines. « Tandis que des rendez-vous d’arbitrage avec les équipes de notre compagnie d’assurance-crédit ont lieu au moins une fois par an, nous échangeons, pour nos risques les plus élevés, avec les dirigeants et le directeur financier des sociétés concernées. Il nous arrive aussi de nous déplacer afin d’observer la manière dont ils gèrent leur entité », explique Chantal Cougot.
Des impacts multiples
Même lorsque le profil du client se révèle risqué, la volonté de ne pas entraver l’activité commerciale peut inciter les entreprises à contracter. Dans ce cas, « nous pouvons mettre en place des lettres de crédit renouvelables ou demander le règlement en amont de la prestation », évoque Henri Bourny. Face à des partenaires fragiles, la réactivité est également clé. « Dès qu’une dérive est constatée, une alerte est émise par notre solution, ce qui peut nous conduire à bloquer le compte du client en question », indique Charles-Karim Imessaoudene-Parr.
L’enjeu est, il est vrai, impérieux à plusieurs titres. « Un défaut de paiement a de nombreux impacts, que ce soit sur la trésorerie, sur l’image de l’entreprise, sur l’état d’esprit des collaborateurs ou encore sur un plan financier. De fait, s’agissant par exemple d’un programme d’affacturage ou de titrisation de créances commerciales, le prestataire examine les pertes passées », ajoute Charles-Karim Imessaoudene-Parr.
Compte tenu de la complexité de la tâche, qu’exacerbe la croissance ininterrompue des tentatives de fraude, Henri Bourny souligne la nécessité de disposer non seulement d’un outil de monitoring, mais aussi de tirer profit de l’automatisation robotisée des processus ou encore de l’intelligence artificielle.
🎤 Ils ont pris la parole lors de cette session
Henri Bourny, Dassault Systèmes
Chantal Cougot, Cromology
Charles-Karim Imessaoudene-Parr, Motul
🗣️ Ils ont animé les échanges
Olivier de La Pontais, AU Group
Romy Tognon, Rexel